Aurélie(n)

Toujours à l’aube de la nervosité, je sens la vibration de ta présence de l’autre côté, et mon attitude qui se glisse. Cette précaution affairée à ne pas dire un mot de trop, alors que parfois je suis obligée de poser mes phrases sur les siennes, dans une impression d’urgence. Il y a notre anxiété travaillée mais qui perce encore, et elles se renvoient des billes, jusqu’à trembler. Il y a cette lucidité sourde, qui nous unit autant qu’elle blesse et ce perfectionnisme latent. C’est vrai que tu me ressembles, et je sens mon corps qui bourdonne, sous le poids des profils passés que je distingue en toi. Pas si passés que cela, manifestement. Je peux voir ton visage chargé d’expressions, qui si vite se transforme. Je voudrais m’excuser pour exorciser l’amertume qui coule doucement dans ma gorge, m’excuser de n’importe quoi, pour faire partir d’un coup cette sensation rance qui m’agrippe. Alors je me retourne, pour demander à l’amertume ce qui lui prend. Je ne suis pas très fière, peut-être qu’elle le sent. Elle se terre un peu et ne répond pas et c’est une part de moi qui vacille déjà et voudrait s’en aller loin. Take it all. 

Photo : Paris, 23 juillet 2020

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